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En ce tems, les Allemands et Suisses passans par Ia Champagne, brûlèrent l'abbaye de Saint-Urbin, appar­tenante au cardinal de Guise ; lequel pour s'en venger fit brûler en sa presence le chateau de Brème, scis à trois ou quatre lieuës de Château-Thierry, appartenant au duc de Bouillon ; et n'en partit qu'il ne t réduit en cendre.
Le mardy ao octobre, advint la journée de Coutras. Avant qu'entrer au combat, le roy de Navarre avec ceux de la religion «'étans prosternez en terre pour prier Dieu, le duc de Joyeuse les regardans comme gens qui deja étoient tout humiliez et abbatus, dit à M. de Lavardin : « Ils sont à nous ! Voyez -vous comme ils « sont à demy battus et défaits? A voir leur contenance, « ce sont gens qui tremblent. — Ne le prenez pas là, cc pondit M. de Lavardin; je les connois mieux que cc vous. Ils font les doux et les chatemites; mais que ce r vienne à la charge, vous les trouverez diables et lions; cc et vous souvenez que je vous l'ai dit. » Et en effet l'ar­mée du duc de Joyeuse fut entierement faite: lui et le petit Saint-Sauveur (-) son frere furent tués, la victoire poursuivie trois grandes lieuës par roy de Navarre. La Reine mere dit tout haut qu'en toutes les batailles depuis vingt-cinq ans, il n'étoit mort autant de gen­tilshommes françois qu'en cette malheureuse journée. Le Roy regretta la noblesse, peu le chef, pour avoir reconnu qu'il étoit de la Ligue. Le cardinal de Bourbon pleura comme un veau; et poussé d'un zele catholique, id est ligueur, dit qu'il eût voulu que le roy de Na­varre son neveu eût été en la place du duc de Joyeuse,
'Oli petit Saint Sauveur : troisième frère du due de Joyenae.
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